• Dand la tête d'un anar

     

    Le premier sinistre vient d'annoncer la terrible nouvelle pour le peuple : Pour faire suite aux menaces d'insécurité constatées lors des dernières manifestations populaires, le gouvernement a décidé d'appliquer  l'article 16/5 de la constitution.
    Que dit cet article ? Pour toute manifestation qui dégénèrera, tout individu pourra être interpellé par un policier sans aucun motif à justifier.
    L'interpellé sera immédiatement conduit en chambre d'interrogatoire et pourra être retenu vingt jours sans pourvoir bénéficier de l'aide de son avocat.
    Les familles et proches de l'interpellé ne seront pas prévenues de son arrestation ni de l'endroit de sa détention.
    Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines assoiffées de justice car je comprends illico les suites possibles : à chaque manif, le gouvernement va envoyer des sbires à lui, bien anonymes, bien maquillés en sympathisants de la manif et leur donner l'ordre de faire dégénérer en cassant...
    La suite ? Vous la devinez : des arrestations en masse, des disparitions pendant vingt jour ; et plus si infirmités...
    Il faut réagir, il faut empêcher les forces du désordre d'intervenir dans les manifs.

    Moi, vous me connaissez : émanation de l'esprit sage de Pawata, je parcours les situations et les têtes de notre monde plus ou moins bien pensant.

    Dans un cas comme celui-ci je me réfère à mon ancêtre Pawata qui me souffle une des solutions : pénétrer la bête pour l'annihiler.
    Je me rends à la direction centrale des compagnies républicaines de sécurité et, au flan, je me fais passer pour un délégué du cabinet du sinistre de l’intérieur.
    Je tends une vague carte bariolée bleu blanc rouge et la sentinelle en faction me mène au bureau du colonel chargé des missions.

    -        Mes respects mon colonel, je suis Pierre Traboul du cabinet du ministre et je viens voir avec vous vos dispositions pour la manif de demain...
    Je lis dans sa pauvre tête de militaire que ça l'emmerde au plus haut point de me recevoir mais il me sourit hypocritement : le respect des hiérarchies a au moins ça de bon...

    -        Nos intervenants s'infiltreront dans la manif à partir du Boulevard St Michel et par petits groupes jusqu'à Port Royal. 

    -        Mais comment vos hommes vont-il se reconnaitre entre eux ?  

    J'ai lancé la phrase comme une évidence d'entre deux collègues mais je sais que la réponse est ultra secrète.

    Le colonel hésite ; je lis dans ses pensées : "Il me prend pour un jambon, ce con ? Il croit que je vais lui révéler l'astuce du talon blanc ? Il peut aller se faire endoffer ce rond de cuir"

    - Ha, cher confrère, je n'ai pas encore le signe de reconnaissance car il me sera remis juste avant la manif...

    Il me sort ça très naturellement.
    Je jubile car il est persuadé ne m'avoir rien dit.
    En fait,  il ne m'a rien dit, j'ai juste lu en lui.
    Nous devisons de choses et d'autres et je prends congés le cœur léger.
    Sitôt sorti, j'appelle le bureau de la conf'.

    -        Allo la confédération paysanne ?

    -        Oui monsieur, que puis-je pour vous ?

    -        En fait, c'est moi qui peux pas mal pour vous...

    Lorsque j'ai fini de parler j'ai le sentiment d'avoir aidé des gens qui en ont bien besoin.
    Inutile d'aller demain à la manif paysanne avec un talon de chaussure blanc : vous risqueriez de passer un mauvais quart d'heure…

     

    Dans la tête d'un anarToute ressemblance avec des personnages existants serait pure coïncidence...


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    Valérien de Rien était un paysan né dans un pauvre village en France, qui chevauchait la clôture entre les langues d’Oc et d’Oïl, où les paysans appelaient les plus pauvres d’entre eux « les vilains ». Le père de Valérien  n’arrivait pas à nourrir convenablement son enfant et la mère lui avait remis le fils dans les bras après avoir coupé le cordon ombilical et n’attendit pas de merci pour prendre la fuite. Elle alla directement chez les bonnes sœurs du Précieux Cœur de l’Enfant en les priant de lui faire prononcer des vœux de chasteté et leur demanda de prendre le voile. Le père de Valérien l’avait échangé à l’âge de cinq ans contre une vache, au Seigneur de l’Autremont, le conte Honoré de Valdechar, du comté de Montrond-les-mains, dans l’actuelle région de la route de Napoléon. 

     

    Donc, Valérien venait d’arriver de Nice à bord d’un bateau clandestin venant de Corse et ne savait pas comment trouver le comte de Valdechar qu’il recherchait pour l’humilier à son tour. Pour l’instant, le soleil ardent le réchauffait tant que son corps rejetait un surplus de sueur par tous les pores de sa peau, mais il arrivait à trouver de l’ombre pour se rafraichir et transportait de l’eau dans sa besace pour se désaltérer. 

     

    Pendant ce temps, un navire voguant sur les flots bleus de l’été vint accoster au port de Nice et amarra. On ramenait le comte Honoré de Valdechar, tombé du haut de son lit le matin même à l’auberge des Vieux Canards à Val-aux-Bains. Il reposait sur une civière improvisée et se lamentait à côté de son épouse éplorée qui se tordait de douleur à cause de la peine qu’elle avait dans son cœur.

     

    L’ambiance était à la fête. La musique de la rue enchantait Valérien de Rien. Il composait des paroles sur des notes de musique et les chantait sans fausser avec les artistes qui jouaient de la flûte à bec, de la cornemuse, du luth, du tambour et des trompettes. Mais il déchanta quand il entendit des cris qui ne l’enchantaient guère. Il s’approcha du navire et remarqua les initiales H de V plaquées d’or. Il les avait vues accrochées aux murs de son château. Ce bateau était le fruit des magouilles du comte Hilaire de Valdechar, il en était certain. Il regarda l’homme qui geignait couché sur la civière et le reconnut sans l’ombre d’un doute, c’était le Seigneur qui l’avait acheté de son pauvre père, alors. 

     

    Il revit le jour de ses 20 ans où pour son anniversaire, le comte Hilaire de Valdechar l’avait humilié dans son domaine pour avoir osé regarder la bonne et lui avait donné le statut de « serf » (prononcer « sarf ». Le « sarf » représentait la personne soumise qui était asservie à exécuter les pires tâches dégueulasses. Cela l’avait beaucoup rabaissé et de plus, le comte l’avait humilié devant tous ses serviteurs. Il était parti honteux de sa démotion et s’était enfui en Corse où il regardait pousser des marrons pour les cueillir à maturité. Le  hasard lui donnait enfin l’occasion de prendre le statut d’époux de la comtesse. Il rêvait de retrouver son honneur dans ses bras

     

    En ces temps médiévaux, les médecins ne couraient pas les rues pour sauver la vie des gens victimes de descente de lit, pas plus qu’aujourd’hui, d’ailleurs. L’entourage du comte avait tout fait pour lui sauver la vie à l’heure de la tombée de son lit. On lui fit un lavage de cerveau en premier. Mais rien à faire pour le faire reparler. On fit venir un guérisseur renommé à cette époque. Il ne put rien faire. Devait-on lui faire un lavement ? Mais oui ! Mais non ! Personne n’était d’accord avec cette option. C’est une punition du ciel, prétendant le curé du canton. « Faites venir deux ou trois saints … ! », mais ils étaient occupés ailleurs à réaliser des miracles. Il ne restait pas beaucoup d’espoir à l’espoir, alors on déposa des sangsues sur le comte et des poux dans ses cheveux afin qu’ils se sustentent avec du mauvais sang. Au bout de quelques jours, le comte Honoré de Valdechar mourut, vidé de mauvais sang, emportant avec lui tout son bon sens.

     

    Le bruit courait, que devenu feu depuis peu, son mari le comte ne pouvant plus la combler dans son lit, qu’elle pensa tout de suite à son prochain mari. « Qui serait-il ? » « Qu’importe ! » « Elle prendra le premier qui voudra d’elle. » Le prêtre qui officiait la messe dominicale rendit hommage au défunt, mais humilia la comtesse de ne pas avoir voulu d’enfant de son mari.

     

    Pourtant, les bonnes gens disaient qu’elle était reconnue pour avoir toujours faim au lit. Il paraissait qu’elle épuisait le comte par ses demandes de chair en chambre et qu’elle n’en avait jamais assez. Et patati et patata. Et aussi que depuis la mort du comte, elle mangeait sans appétit et se saoulait sans soif, qu’elle descendait dans les bas-fonds de la vie, parce qu’elle manquait d’attribut viril, et ainsi, les rumeurs couraient sur la comtesse, sans s’arrêter … « Son physique laisse quelque peu à désirer », disaient ceux qui ne l’avaient jamais vue, surtout les moins jolies. « Elle ne vaut pas un chameau », disait l’taon D. Rangé, qui ne savait pas qu’un chameau porte des bosses sur son dos. On disait çeci et cela, le chaud d’abord, le froid ensuite, selon les uns ou les autres. Il parait même que son perroquet répétait toujours quand il la voyait entrer au salon : « Comtesse de mes fesses - Comtesse de mes fesses. »

     

     

    Le bout d’esprit d’Adénaïde suivait le drame avec tout son cœur et décida de changer la fin de leur histoire afin que cessent ces sornettes sur la comtesse, qui en réalité était morte de fatigue depuis qu’elle ne s’endormait plus dans les bras du comte la nuit, maintenant qu’elle parlait de lui en le nommant « Feu le comte Honoré ».

     

    Un instant de plus ou de moins, et hop ... rien n’est plus pareil. Le lendemain, Adénaïde  vit la comtesse manger des raisins alors qu’elle se promenait dans ses vignes, sans vigie, une nuit de pleine lune où elle cueillait des raisins pour faire du vin. Son esprit capta cet instant pour guider Valérien dans les vignes du Seigneur.

     

    Quand la comtesse le vit lui tendre les bras dans la nuit, elle tomba dedans sans plus attendre. Il l’embrassa dans le noir pour ne pas la voir le premier soir car il ne savait plus s’il voulait d’elle, n’ayant entendu parler d’elle qu’en mal. Elle le fit aussitôt entrer dans son château et le poussa dans sa chambre afin de faire des affaires de chair. Le temps de passer à l’acte était plus que dépassé mais elle se tenait les fesses serrées car elle sentait qu’un petit vent hors de lui, se préparait à fuir à toute allure, hors d’elle, tandis que Valérien avait le corps raide et le nez dérangé, car il avait le sens olfactif très développé. Ce n’était définitivement pas très romantique et cela faillit faire tomber l’affaire.

     

    Serrer les fesses était pour la comtesse, croyait-elle, le seul moyen de se faire honorer par Valérien. Elle voulait le faire sien. Alors, ses oreilles reculèrent pour laisser ses lèvres avancer vers celles de Valérien, et en reniflant, elle lui avoua son besoin crucial de peau. Il eut peur ! Voyant cela, elle eut chaud ! Mais elle était feu et passion. Les refus qu’elle avait essuyés de la part des hommes avant qu’elle ne soit comtesse, les bleus au cœur qu’elle avait endurés sur les chemins tortueux qu’elle avait traversés dans sa vie et les malheurs qu’elle avait eu à surmonter l’avaient rendue plus forte. Cette nuit, plus rien ne lui paraissait insurmontable.

     

    L’esprit d’Adénaïde intervint, poussa l’amour au bout qui tomba entre les deux.

    Valérien perdit ses forces à force de performer et la comtesse perdit la boule, mais ils furent comblés par l’amour. Ils se mirent à rire d’un rire qui les portait à rire. Ils n’en pouvaient plus de rire, de se taper dans les mains, de perdre des calories en tressautant du ventre jusqu’aux fesses. Finalement, à force de rire à gorge déployée, leurs oreilles claquèrent dans leur visage et ils s’applaudirent et ne se quittèrent plus.

     

    Six mois plus tard, tout le monde se tenait sur le parvis de l’église comme à tous les dimanches après la grand-messe, lorsque la nouvelle arriva comme une bombe. La comtesse était grosse de plusieurs mois déjà. « Mais comment se peut-il ? » « C’est impossible ! » Des « on dit » disaient qu’elle vivait dans la tour du donjon pour mauvaises actions et ne voyait personne. Allons donc ! Il doit bien y avoir un petit moineau non loin du château qui fait des cui-cui … et bla bla bla bla …

     

    Un mois plus tard, Adénaïde dessina un escalier pour monter plus haut dans les cieux et écrivit :

     

    Elle devint sa comtesse qu’on sert.

    Il devint son prince qu’on sort

    Ils eurent des jumeaux

    Fille et Garçon

     

     

    DiUn conte de comtesse par Di


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    Procès d'intentions

    A la question du juge :

    -        Accusé voulez-vous nous donner votre nom, prénom et profession 

    L'accusé répond :

    -        Manvussa Gérard, gardien à la base aérienne de Villacoublay 

    -        En quoi consiste précisément votre travail ? 

    -        Ben… je garde les hangars ou stationnent les OVNI 

    -        Les OVNI ? Ca n'existe pas les OVNI…dans le dossier je lis : hangar d'avions Rafales 

    -        Ben, c'est ça monsieur le président, nous les Rafales on les appelle les OVNI : Objets Volants Nettement Invendables  

    La salle se fend d'un rire approbateur

    -        Silence dans la salle !  

    Le marteau vengeur du juge enfonce un clou qui dépassait du bureau.

    Il faut dire que ce juge a une réputation d'inflexibilité terrible depuis qu'on a appris qu'il avait condamné la porte de son entrée de service.

    Moi, vous me connaissez… Digne émanation virtuelle de l'esprit sage de Pawata, je me suis dis qu'il fallait un brin d'humour dans cette histoire d'amour et j'ai jeté un soupçon de folie dans les têtes.

    Assis dans son box, le prévenu se lève :

    -        Je suis prévenu, oui ou non ? demande-t-il à la cour qui semble être balayée d'un doute, depuis que j'ai été déféqué dans le cabinet du juge Walter Closet on  ne me dit rien…

    -        Pourquoi cette question, bégaye le juge

    -        Parce que je n'ai pas été prévenu que j'étais accusé ! Rétorque l'interpellé

    Sortant de sa sieste de 14h30, le bâtonnier se lève comme un seul gnome

    -        Qué qué ? mais qué hé, mais qu'est-ce que c'est ? marmonne-t-il

    L'avocat de la défense fait alors envoler ses deux manches et entre dans les débats :

    -        Ah monsieur le bâtonnier, ne commencez pas à me mettre des bâtons dans les roues, hurle-t-il, mais de quoi accuse-t-on mon client ? Puis, hésitant, il se tourne vers le client en question : Au fait, c'est vrai ça, de quoi qu'on vous accuse, vous ?

    -        Ben ch'ais pas trop 

    -        Ah oui, vous auriez soi-disant repassé votre femme à coup de fer… 

    -        A repasser, soupire le procureur, de fer à repasser…

    -        Et pourquoi à coup de fer à repasser ? questionne le bâtonnier en s'adressant au prévenu

    -        Ben, c'te blague, c'est parce qu'elle prenait un mauvais pli  

    -        Expliquez-vous 

    -        Elle voulait que je pose une plinthe au parquet de notre chambre et moi j'ai horreur des instructions… je vous laisse juge 

    -        Mais vous n'étiez pas obligé de lui donner des coups de fer pour vous exprimer, vous pouviez aussi bien lui dire, non ? 

    -        Ha, monsieur le procureur, comme on dit chez moi : le dire c'est bien mais le fer, c'est mieux 

    -        Que fait votre femme ? 

    -        Ben… maintenant, elle fait gaffe 

    -        Je vous demande la profession de votre épouse ! 

    -        Ha… elle est bébé institutrice 

    -        Comment ça bébé institutrice ? 

    -        Hé bé, elle dit qu'il n'y a pas de différence entre un bébé et une institutrice 

    -         ??? 

    -        Elle dit qu'ils sortent tous les deux du corps en saignant 

    -        Ne vous moquez pas de la cour sous peine d'insulte à magistrats ! Hurle le bâtonnier qui cherche le bâton pour se faire battre

    -        Mon client veut dire que le corps enseignant produit de beaux bébés. Monsieur le procureur, vous voyez bien que mon client est innocent ! Il aime sa femme car ils se sont mariés pour le meilleur et le pitre… 

    -        Ha ça… Pour être innocent, il est innocent concède le procureur blasé, je vous assure monsieur Gérad Manvussa, que, j'ai rarement vu ça.

    -        Et moi, monsieur le procureur, je n'ai jamais vu un juge au dessus des parties : en avoir ou pas… telle est la question. 

    Ce que l'histoire ne dit pas c'est que le juge ne pouvait être qu'au dessus des parties car il était eunuque, mais pas eunuque raide…

    Notre pauvre Gérard Manvussa fut donc condamné à trois mois de service d'utilité publique : l'entretien des fers à repasser des mamans et faire repasser les leçons des enfants.

    Il en fut très froissé…Procès d'intentions


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  • Aventure chevalière par Di

     

    Pawata était dans tous ses états. Il avait tant ri qu’il en avait les larmes aux yeux. Sa bonne humeur s’atténua quand il vit qu’une partie de ses esprits vagabondait dans un monde inconnu. Il fit signe à son cheval d’arriver et à l’instant il apparut. Il lui donna du foin et de l’eau et lui demanda de ramener à la raison l’esprit fugueur d’Adénaïde. Pow-Wow-Now de Sassafras, descendant du cheval de Pawata, s’inclina et hennit en balançant la tête de haut en bas. Il quitta aussitôt le pays des chasses éternelles à la recherche de cet esprit perdu, en transportant sur son dos un pot en cristal contenant des céréales à la bière.

     

    D’un noir d’ébène, comme un café sans crème, racé et stylé, Pow-Wow-Now était beau à l’extérieur comme l’âme d’un nouveau-né l’est quand il nait. Seule comme un personnage enfermé dans un livre n’ayant pas vu passer sa vie, Adénaïde pensait bien regagner les prairies éternelles sans passer par quatre chemins, mais elle s’était perdue au bout de la première tentative de retour. Quand Pow-Wow-Now repéra Adénaïde dans un lieu à la ronde, il avança doucement et lui offrit le pot en cristal de Pawata. Elle accepta de manger les céréales et de boire la bière, porteurs de vitamines, en mêlant le tout pour en faire un ragout. Les céréales étaient croquantes. La bière était froide et bien brassée, blonde avec une belle gueule, et en plus, son goût était astral.  

     

    Le cheval lui proposa de monter sur son dos et de faire le tour d’un monde avant de revoir les trois hôtes esprits de Pawata en cheminant et en causant gentiment. C’est dire comme c’était un cheval à l’esprit pacifique. Pour l’occasion, Adénaïde, petit bout d’esprit de Pawata, portait un jean’s bleu et un chandail coloré de mille feux d’un automne flamboyant, avec un chapeau à plumes qu’elle avait trouvé lors d’une expédition sur la voie lactée, au Carnaval du lac Téh.

     

    Elle ne put résister à la tentation et monta sur Pow-Wow-Now, comme une amazone équestre, mais tomba sur la selle assise par en arrière, cette position évitant cependant à Pow-Wow-Now de prendre le mors aux dents. Du coup, elle admira de près ce bel animal et son élégance, sans penser à rien de vilain des sabots qui lui faisaient de belles pattes sous sa couverture. D’un coup d’appendice tressé à la mode très sécuritaire, le cheval replaça Adénaïde par en avant. C’était un étalon pur-sang le ch’val à Pawata, un cent pour cent griffé de sang bleu, bleu comme le sang des rois de châteaux gais, bleu comme le ciel de Provence.

     

    En dansant sur le dos du beau ch’val, les esprits d’Adénaïde et de Pow-Wow-Now, mangeaient et buvaient les céréales à la bière. Après chaque cuillérée, la bière aux céréales diminuait de hauteur dans le pot en cristal. Seuls les pas de Pow-Wow-Now trompaient le silence à chaque endroit où il trottait « clop-clop clop » … Il lui dit en langue de joual :

     

    -        Mange ta bière aux céréales si tu veux être éclairée, sage et compétente. C’est bon pour la santé la soupe, m’Adénaïde. Bois, bois, bois. Allez, mange ...

     

    L’ayant parfaitement compris, elle lui répondit dans la même langue :

     

    -        Nous avons mangé et bu tout le pot, mon beau ch’val. Même en le tordant avec des gants, il ne sort plus rien du pot de cristal.

     

    Ils virent un trou noir sortir du ventre d’un nu, ni vert ni bleu, mais aussitôt né il prit fuite dans le plus creux des ténèbres, comme s’il avait peur d’être avalé par un objet céleste. Pow-Wow-Now maintenant galopait, ti-galop ti-galop …

     

    C’était un beau tour de tout et de rien pour Adénaïde, qui apprécia, mais elle voulut revenir chez elle. Pawata les observa de loin en mettant sa main en visière pour se cacher d’un mystérieux soleil rectangulaire. Ils se rapprochèrent des prairies, mais dans un moment fulgurant, Pow-Wow-Now changea de direction, accéléra et souffla. Plus il soufflait, plus il galopait comme un phoque. Au grand galop … au grand galop … Il était  temps qu’elle se choque. Elle lui dit:

     

    -        Ralentis le pas Pow-Wow-Now et retournons en paix vers les prairies éternelles trouver les esprits de Marie-Louve, Hélène et d’Aganticus. Ne crains pas. L’esprit ne compte pas le temps car le temps dans l’immortalité est absent.  

     

    -        Je fais un détour pour éviter de passer par le 7ième ciel, afin de te préserver des drames  qui se jouent dans ce paradis artificiel.

     

    -        Tu sues et tu rues pour rien, mon beau ch’val.

     

    -        C’est vrai que je sue et que je rue dans tous les coins pour gagner mon foin. Mais je trébuche sur des obstacles.

     

    -        C’est parce que tu te mets des œillères pour ne pas entendre raison.

     

    -        Mais non, c’est pour tenir mes oreilles.

     

    -        Pow-Wow-Now. Je compte jusqu’à 10. Si à 10 tu ne changes pas de direction, je m’accroche au premier avion qui passe pour retrouver mes amis de l’esprit de Pawata.

     

    Pawata entendait tout avec ses oreilles bioniques même s’il était à 100 lieux d’eux. Il fallait agir vite pour ne pas que le pilote d’un avion la voit tomber par la fenêtre du pare-brise … Il enleva alors une plume de sa coiffe indienne et écrivit dans le ciel : 

     

    Pow-Wow-Now de Sassafras … Reviens avec Adénaïde !

     

    Tout de suite !

     

    FIN

     

    DiAventure chevalière par Di


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    C'est la grande effervescence mondiale ; des rédactions des grands journaux aux petits bureaux des tabloïdes, de la maison blanche au Kremlin en passant par le conseil des peuples chinois, la Bundestag et le palais de l'Elysée, de la NASA américaine à la FKA (agence spatiale Russe) en passant par l'ESA européenne et par l'agence spatiale Chine nouvelle, l'information a stupéfait toutes les têtes pensantes:

    LES EXTRA TERRESTRES EXISTENT !

    Tout a commencé à la mi-juin, lorsque les servants du télescope cosmologique d'Atacama, au Chili, ont détecté une activité bizarre au centre de notre voie lactée : des étoiles sortaient de leurs orbites habituelles et se rangeaient en groupe ; puis ces groupes ont formé des lettres… puis les lettres ont formé des mots et ces mots ont formé une phrase terrible que tous les télescopes du monde ont pu lire distinctement :

    QUI ÊTES-VOUS ?

    Cette simple phrase signifiait qu'une puissance intelligente existait bel et bien dans notre univers et que la grande majorité des savants, des chercheurs et des philosophes s'était trompée : nous n'étions pas les seuls êtres intelligents descendant du big bang.

    Il fallait faire avaler la pilule car ceux qui estimaient le contraire étaient peu nombreux ; pensez-donc : nous n'étions plus le nombril de l'univers…

    On assista alors à un phénomène aussi incroyable qu'inespéré : l'ensemble des dirigeants des nations de notre terre se réunit pour adopter une attitude commune à la question venue d'ailleurs:

    " QUI ÊTES-VOUS ?"

    Moi, vous me connaissez : émanation spirituelle de la sagesse de Pawata, je me dois d'être au fait d'un tel évènement pour en rendre compte à l'esprit du vieux chef indien qui doit jubiler devant une telle situation.

    Je me rends donc à la réunion mondiale afin de visiter les cerveaux musclés des grands décideurs de notre planète.

    Hou là là ! A Washington, le grand Gorge Amphithéâtre des nations unies semble prêt à craquer tant il est rempli et les intervenants ont du mal à se faire entendre malgré les casques audio des traducteurs.

    Au bout de trois semaines, deux hypothèses de travail s'affrontent :

    La première, prônée par les états unis, est d'attendre la venue des visiteurs, d'armer toutes les armes nucléaires de la planète et de réduire à néant toute forme d'approche.

    -        Dieu bénisse l'Amérique ! hurlent les partisans de la méthode.

    -        Dieu bannisse l'Amérique ! répliquent les antis

    La deuxième solution est de signaler aux extra terrestres que la grande terre est prête à les recevoir en amis…

    QUI ÊTES-VOUS ? La phrase continue à briller dans le firmament, peine d'espoir pour certains et de craintes pour d'autres.

    Le vote final désigne les pacifistes et leur façon de voir l'avenir : accueillir les extra terrestres comme des amis.

    Pour ce, il va falloir gérer la question venue de la voie lactée : QUI ÊTES-VOUS ?

    Le grand conseil des nations décide qu'il faut leur répondre par la même voie visuelle et qu'il faut donc construire une phrase lumineuse qui se verra de la voie lactée.

    Cette phrase sera : "NOUS SOMMES LES HABITANTS DE LA TERRE" et elle sera formée d'immenses lettres lumineuses couchées à plat sur le sol du monde…

    On se met au travail qui s'avère gigantesque ; pour être visibles de la voie lactée, les lettres devront mesurer 220 kilomètres de largeur et 950 kilomètres de longueur.

    Le début de la phrase partira des Etats Unis,  traversera toute la Russie pour se terminer en Europe.

    La puissance électrique totale mobilisée sera de trois mille milliards de mégawatts.

    Le coût est estimé à 8600 milliards de dollars.

    -        Ca fait cher l'ampoule ! hurlent les écolos

    -        Oui, mais la terre se doit d'être au grand rendez vous de l'histoire de l'univers répondent les chefs d'états qui votent les budgets sans se soucier des impôts à venir.

    La fébrilité s'empare des architectes qui doivent dessiner tous les plans car ils n'ont pas droit à l'erreur au risque de condamner l'humanité.

    Les travaux gigantesques commencent…

    Puis, les travaux gigantesques se terminent enfin…

    Tout est en place pour envoyer le message de l'espoir : "NOUS SOMMES LES HABITANTS DE LA TERRE"

    On pousse les centrales électriques à fond et le soir du 20 mars, jour du printemps de l'année de grâce 2025, les milliards de spots lumineux s'allument en même temps pour envoyer le message de l'avenir de l'univers :

    "NOUS SOMMES LES HABITANTS DE LA TERRE"

    Les jours passent et l'attente d'une réponse est insupportable pour tous habitants de la terre… elle en devient crispante :

    -        Et s'ils n'avaient pas vu ?

    -        Et s'ils ne voulaient pas nous répondre ?

    -        Et si c'était une ruse ?

    -        Et si…?

    -        Et si…?

    Enfin, au bout d'un mois, les étoiles se mettent à bouger à nouveau.

    Elles sortent de leurs orbites habituelles et se rangent en groupe ; puis ces groupes forment des lettres… puis les lettres forment des mots et ces mots forment une phrase que tous les télescopes du monde peuvent lire distinctement :

    "VOUS, ON NE VOUS DEMANDE RIEN "

    J'entends encore le rire moqueur de Pawata

          descendre de notre pauvre ciel…

      


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