• Un procès libidineux ! Par Di

     

     

    Un procès libidineux !

     

    Sur la place principale d’un village situé près de la mer des Amériques, Monsieur Lamer, le maire, inaugure un débat oratoire devant un attroupement de personnes intéressées par le thème du « coït ». Le Maire n’est pas à l’aise, cela se voit jusqu’ici qu’il est blanc comme une oie et qu’il tremble en dépliant le texte de son discours.

    Pour dissimuler le trouble écrit dans ses yeux qui parlent plus fort que mille mots, il pose ses lunettes fumées sur son nez et attache les branches à ses oreilles. Il sourit au public de l’air de celui qui en a vu d’autres, mais sa pudeur le fait claquer des dents. Il voudrait disparaitre, être un autre, transformer son visage, tellement grand est son mal-être face à ce dossier de zones érogènes. Embarrassé par sa gêne, il hausse les épaules et tourne son regard vers le vide, en repensant aux conseils que lui donnait son père à propos du rôle qu’il joue à la mairie : « Quand un homme est maire, il doit savoir tout faire, comme une vraie mère ».

    Alors avec courage, il met en garde les gens rassemblés que la discussion à suivre comprendra des mots osés pouvant offenser de prudes oreilles et qu’ils peuvent passer outre leur chemin si cela ne leur convient pas. Il se tait ne pouvant poursuivre son discours et laisse la parole aux deux avocats qui sont face à face et qui n’attendent qu’un signal pour s’exprimer.

    Il s’agit de Maître de l’Orgasme qui représente Madame X, la plaignante, et de Me du Coït qui représente Monsieur Z, l’accusé. Madame accuse Monsieur de briser son plaisir au lit lors de leurs ébats sexuels, en pratiquant le coït interrompu. 

    Me de l’Orgasme s’adresse d’abord à son adversaire, Me du Coït.

    ·       Mon cher confrère du Coït : considérant que ma plaignante Madame X souffre d’anorgasmie et compte tenu que c’est un sujet douloureux pour elle, alors je vous prie de ne pas plaindre votre plaignant en plaidant et de ne pas plaisanter sur la teneur de ses plaintes. Ce serait indécent !

     

    ·       N’en doutez point, Me de l’Orgasme. Cela n’aurait aucun sens et deviendrait un procès où l’humour ferait sa loi. Et maintenant que nous avons discuté des préliminaires, nous nous devons de commencer à débattre de cette cause si nous voulons terminer avant que la noirceur descende du ciel.

     

    ·       C’est juste ! Me du Coït. Ne nous laissons pas interrompre si nous voulons aller au fond des choses. Eh bien voilà : Prenez connaissance que ma cliente ici présente, accuse votre client Monsieur Z, d’interrompre leurs relations sexuelles en se propulsant hors d’elle sans crier gare, avant qu’elle n’atteigne l’orgasme que Monsieur se procure manuellement, en la laissant dans une situation lamentable.

     

    ·       Rien n’interdit à Madame de se prévaloir de ses droits majeurs en s’aidant de ses doigts.

     

    ·       Mettez-vous à sa place, cher Maître. Lorsqu’ils font l’amour, Monsieur parcourt son corps en lui laissant des centaines de frissons qui lui procurent des plaisirs incomparables, qui ne sont en rien redoutables. Pendant ce temps, Monsieur lui promet monts et merveilles et il l’appelle « ma reine ». C’est un crime de lèse-majesté que de la laisser insatisfaite en fuyant au mauvais moment. Comprenez-la, Me du Coït, au moment où elle atteint le point culminant du plaisir et qu’elle est sur le point de venir, comme elle en a le droit, Monsieur se projette brusquement hors de son intimité, pour jouir en lui faisant le coup du « bye-bye-bite », sans même l’aviser de son départ précipité. Il interrompt ainsi la jouissance de Madame. Elle espère tomber dans l’extase, mais rendue au point d’orgue, elle dégringole par en arrière. Avouez que c’est frustrant !

     

    ·       N’exagérons point, Maître de l’Orgasme. Après tout, la jouissance n’est qu’un plaisir éphémère. Pour tout vous dire, ma chère consœur, mon client se plaint que les lamentations de Madame l’excitent, mais quand elle commence à gémir de toutes ses entrailles, il se hâte de sortir son « monsieur » de son intimité, uniquement pour lui éviter des souffrances ultérieures, en accouchant d’un enfant dans les mois suivants. Oui Maître de l’Orgasme ! Ce départ hâtif n’est qu’une précaution charitable à prendre pour le bien de Madame qui ne désire pas devenir mère maintenant.

     

    ·       J’accuse Monsieur Z de voler la « petite mort » de Madame. La petite mort, savez-vous Me Coït, que la petite mort, c’est la plus belle de toutes les morts ? Autrement dit, cette « mort » qu’on dit « petite » est un synonyme de l’orgasme. Elle est d’un bien-être total. Cela tue Madame d’y échapper. Monsieur X est passible de payer une amende honorable ne donnant pas de crédit d’impôt ou de rester le prisonnier de Madame pour la vie.

     

    ·       N’en rajoutez plus, cher Maitre de l’Orgasme, Monsieur avoue qu’il doit sortir précipitamment de son ventre.

     

    ·       Vous admettez donc ainsi que Monsieur prive Madame de sa jouissance légitime ?

     

    ·       Hélas oui ! Maître. Mais il le fait pour des raisons anticonceptionnelles. N’oubliez pas que lorsqu’il sent venir Madame en criant et qu’il se retire promptement, Monsieur lui évite l’avènement d’un heureux évènement dans les mois suivants. Madame se plaint pour bien peu, mon cher collègue.

     

    ·       Savez-vous que cette façon de faire arrache des larmes à la majorité des dames victimes d’anorgasmie ? Alors qu’elles arrivent tout près de l’orgasme, elles se font fermer la porte au nez. N’est-ce pas infâme que de priver ces dames de la « petite mort » espérée, en les laissant sur leur faim ?

     

    ·       Peut-être bien, mais ce n’est pas un drame. Toutefois, laissez-moi vous faire remarquer que Madame se prive elle-même d’une « petite mort » en déclinant l’offre de Monsieur d’utiliser un condom.

     

    ·       Madame prend la pilule contraceptive pour éviter les grossesses. Elle n’a pas besoin de condom d’aucune saveur et ni d’interruption de l’acte.

     

    ·       Ce que vous ignorez Me de l’Orgasme, c’est que Madame ne prend la pilule qu’un jour sur trois, si ce n’est pas quatre fois l’an, car elle est étourdie et les oublie dans la pharmacie. Heureusement que Monsieur maitrise à la perfection la technique du coït interrompu, pour éviter qu’un spermatozoïde astucieux n’entende l’appel d’un ovule et ne trouve un moyen de se faufiler dans la voie de Madame pour le pénétrer. C’est en sortant son « monsieur » de Madame qu’il sécurise la porte d’entrée du col de l’utérus.

     

    ·       Il y a pire, Me du Coït ! Non seulement le « monsieur » de Monsieur part en fuyant, mais les fesses de Madame confessent qu’elles manquent de caresses et sont en détresse, ses seins se stressent et sa peau se vexe. Avec la méthode anticonceptionnelle du coït interrompu, Monsieur votre client ne prend pas le temps de donner au corps de Madame le plaisir qui lui revient. 

     

    ·       Je m’objecte à ces mots, Me de l’Orgasme. Monsieur s’applique à sa besogne et je refuse de croire qu’il fonctionne à haute vitesse. Apportez-moi des preuves tangibles.

     

    ·       Madame ne se plaint pas pour rien. Monsieur est trop pressé d’en finir.

     

    ·       Allons donc ! La poitrine de Madame peut-elle donner des preuves de sa détresse ? 

     

    ·       Quand les seins de Madame ne sont pas stimulés, ils ne peuvent simuler de plaisir pour le prouver.

     

    ·       Cependant, sa poitrine prouve que les seins sont érectiles à une stimulation adroite. Prenons une pause. Je vais  parler à mon client assis sur ce banc.

     

    Les regards se tournent vers le banc des accusés où Monsieur Z et Madame X sont assis côte à côte. Ce qui surprend les gens, c’est qu’ils se tiennent par la main, alors qu’ils sont en procès l’un contre l’autre. Me du Coït se retire par discrétion et retourne vers Me de l’Orgasme, qui est debout non loin du maire, lequel ne sait plus comment réagir à cause de ses malaises.

    Monsieur dit quelque chose à l’oreille de Madame. Celle-ci parait surprise. Elle lui donne un baiser sur la bouche, il lui en donne un autre. Déjà ils sont à demi-nus couchés sur l’herbe de la terrasse, inconscients des personnes qui les observent. Ils se croient seuls au monde. Leurs langues se rencontrent et se parlent en amoureuses. La vue, l’ouïe, le goût, le toucher, l’odorat et le sens olfactif, tous les sens y sont exacerbés. Tous les sens participent à cet amour qui se fait, en va et vient dans le gîte de Madame. Ils se mangent des yeux et la passion les dévore.

    Tout devient sensuel et poétique. Ils sont parlants de vérité … Ils s’aiment ! Les oiseaux ne chantent plus, ils ne veulent pas les interrompre. Ils vont et ils viennent, ils vont et ils reviennent, ils s’embrassent et s’embrasent sous les feux de l’amour. Des « hum »  ajoutent des « mmm » à leurs plaisirs et des « ah » ajoutent des « hhhh » à leurs sensations.

    ·       Me du Coït, dit Me de l’Orgasme. Écoutez bien ma cliente. Ses lamentations ne sont pourtant pas feintes ! Ne l’entendez-vous pas s’extasier ?

     

    Maître de l’Orgasme prend à témoin Monsieur Lamer le maire, en ajoutant …

     

    ·       Ne trouvez-vous pas Monsieur le maire ? Que Madame X est excitée et court après son plaisir pour tomber dans une « petite mort » exquise ?

     

    Le maire embarrassé se racle la gorge et répond à voix faible « Heu … oui-oui ». Il porte un jean’ serré et se demande comment faire pour cacher son organe qu’il sent coincé entre deux gosses dans un endroit fait pour se reposer. Malgré les rougeurs qu’il sent monter au visage, il ramasse son chapeau tombé par terre, en essayant de penser que s’il veut rester maire aux prochaines élections, il doit contenter le plus de monde possible. « Pour rester maire, il faut plaire à ses pairs », lui rappelle régulièrement son père. Puis, il regarde les plaignants et écoute leurs gémissements. Il jette un coup d’œil sur les gens qui les regardent faire l’amour et trouve le courage d’ouvrir son esprit à la liberté d’expression. Les amoureux s’aiment. Il ne veut pas les interrompre car il sent qu’il perdrait des votes. Alors, le maire prend une grande respiration et dit aux gens d’un ton qui se veut convaincant :

     

    ·       N’interrompez pas le coït !

     

    ·       Chutttt !  murmurent des gens dans l’assistance.

     

    ·       Oh que c’est bon, que c’est bon ! J’veux pas que ça cesse ! J’veux pas qu’tu partes ! (disent Monsieur et Madame, ou les deux.) 

     

    L’amour se fait tant de bien, qu’il escorte Madame et Monsieur au bord de la jouissance où ils plongent ensemble en parfaite osmose, en criant de plaisir … envoyant un signal de bien-être extrême … et profond.

     

    Le maire Lamer remet son chapeau sur la tête, remercie les plaignants, les avocats et tout le monde. Les gens se dispersent. Me Coït dit à Me Orgasme :

     

    ·       Et si on allait manger quelque chose, vous et moi, au restaurant ?  Je connais un restaurant non loin d’ici qu’on s’appelle « La faim sans fin ».

     

    EPILOGUE

     

    Neuf mois plus tard, à l’hôpital du village, nait Charlie, fils de Me du Coït et de Me de l’Orgasme. Le même jour, deux heures plus tard, Madame X, assistée de Monsieur Z, met au monde une petite fille, qu’ils appellent Charlotte, premier bébé d’une lignée de onze enfants à suivre. Monsieur Lamer est réélu maire et va très bien depuis qu’il a épousé Mademoiselle Y, qui deviendra bientôt mère, afin que son mari soit père.

     

     

          Di


  • Commentaires

    1
    Jeudi 15 Janvier 2015 à 20:09

    Et si la mère du maire Lamer était une brave mémère, sont père était certainement pépère...

    2
    Di
    Jeudi 15 Janvier 2015 à 22:37

    Si la mère du maire Lamer était une brave mémère, Monsieur Lamer, père du même maire, devrait être un brave pépère. Donc, si Monsieur Lamer, grand-père du maire Lamer et père de Monsieur Lamer fils, le père du maire Lamer, n’est pas pépère,  ça doit être que le grand père ne serait pas  son brave grand-père. J'imagine oui.

    3
    Jeudi 15 Janvier 2015 à 23:05

    Et pour l'amour en chute libre au sein de ce village, quoi de mieux que de faire père , le maire Lamer aux dernières érections tenues pour le plus grand plaisir de tous les citoyens portés aux nus à grands coups de langue. winktongue Les maîtresses auront du boulot sur les bras  à l'école du village.

    4
    Di
    Vendredi 16 Janvier 2015 à 00:54

    Le père du maire Lamer lui disait de tenir compte de la démographie. Il espérait pour son fils rien de moins que le titre de Premier Ministre. Pour le convaincre, il lui disait: " Pour ne pas aller en bas, il faut viser plus haut". C'est Mademoiselle Y qui l'a guéri. Marie-Love.

    5
    Linda Hébert
    Vendredi 16 Janvier 2015 à 02:08
    vraiment bon jusqu'à la dernière goute
    6
    Di
    Vendredi 16 Janvier 2015 à 18:14

    Bonjour Linda ! Monsieur Lamer aima tant son rôle de père qu'il ne voulut plus être maire. Cependant, il fit de Mademoiselle Y son épouse qui devint Madame Lamer.

    7
    Vendredi 16 Janvier 2015 à 19:10

    Et comme l'amer tume...

    8
    Dimanche 18 Janvier 2015 à 21:55

    Coucou, Di, et tous ! C'est le procès qui fut donc interrompu, pour la bonne cause ! Hé hé, je ne m'attendais pas à un climat si érotique, par les temps qui courent, voici un ... dynamisme qui fait du bien. Bizzz !

    9
    Di
    Dimanche 18 Janvier 2015 à 23:17

     Merci Hélène ! Je voulais faire l'humour autrement et c'est tombé sur le maire Lamer à qui j'ai fait subir un moment effrayant pour lui. Je lui demande pardon. Justement, à son propos, son fils le premier est né et il s'appelle Charlot. Bisous et Bises et Bizzz !

    10
    Lundi 19 Janvier 2015 à 10:32
    Josette

    Après une lecture attentive des minutes de ce procès,


    - attendu les conséquences en résultant j’affirme  que  Monsieur Z avait raison de ne pas croire en la contraception de Madame Y...


    - attendu que le procès fut interrompu (lui aussi) 


    - attendu que Monsieur Lemer devint père et fut réélu


    j'en déduis que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possible 


    Merci Di pour cette "réjouissante" nouvelle "jouissive" ininterrompue


    (l'histoire ne dit pas si Charlie épouse Charlotte...une autre aventure !)


    bizzzzzzzzzzzzzz

    11
    Di
    Lundi 19 Janvier 2015 à 17:12

    Excellente déduction Josette. Pour l'instant, Charlie et Charlotte en sont aux balbutiements, on ne comprend pas très bien ce qu'ils disent, comme beu beu, dadada, papapa, mama, lalala, mais, je reste à l'écoute. Ils grandissent vite. Le petit Charlot, fils du maire Lamer, lui, prendra probablement la relève de son père. Il deviendra un bon maire pour ses pairs.

    Bizzzzzzzzzz

    12
    Victoria
    Lundi 19 Janvier 2015 à 17:36

    Oh la la ! Tu t'es lâchée sur ce texte là. Mais j'ai bien ri à te lire du début à la fin. happy

    13
    Di
    Lundi 19 Janvier 2015 à 21:05

    Ça me fait plaisir, Victoria. Merci. Ça veut dire que j'ai bien fait le boulot. Je voulais faire un bonne mère mais j'ai trébuché sur le maire en écrivant. J'ai laissé faire l'histoire de la mère et j'ai bossé sur le maire.  :-)

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