• Le paillasson de la magniaquerie

     

    -      Essuie-toi donc les pieds, espèce de porc !

    Ça, c'était la rengaine minimum de chez chaque fois.

    C'est pas trop que sa bourgeoise était un tantinet maniaque, mais surtout qu'elle avait pris cette habitude de balancer sa mauvaise humeur à chaque occasion que lui donnait son larron.

    Elle arrivait même à faire pleurer les oignons en les pelant… C'est vous dire !

    Pourtant Pierrot, notre brave pépère, s'essuyait bien les pieds : il commençait par se les frotter sur le paillasson de la mère Pichot qui habitait deux étages en dessous, puis sur le tapis du voisin du dessous et enfin sur celui des Ramadiers, les voisins de palier.

    Chez la mère Pichot, il n'avait pas trop de problèmes attendu qu'il savait s'il elle zyeutait ou pas par son judas vu qu'il voyait de l'ombre, ou pas, sous la porte.

    Un jour, l'ayant poissé en train de se frotter abondamment, le voisin du dessous lui avait tellement crié dessus qu'il l'avait laissé sans dessus dessous et la méfiance qui va avec; depuis, il montait doucettement, sans aucun bruits aucun, et s'essuyait uniquement quand il trainait tant de poussière qu'il ne pourrait décharger chez les Ramadiers.

    Chez ces Ramadiers là, l'exercice était à la fois simple et compliqué : simple parce qu'ils travaillaient tous les deux à heures fixe, laissant leur paillasson sans surveillance, et compliqué parce qu'il ne fallait pas trop laisser de déchets sous peine que ce fut trop visible.

    Quand au rustre de l'étage du dessus, ce n'était pas la peine d'y aller vu que sa saloperie de clébard donnait l'alarme illico et que l'autre était du genre rapidos pour entrebâiller son huis. Pensez, un vieux con retraité de l'armée, ça garde des habitudes.

    Au final notre ami Pierrot s'essuyait longuement sur son propre paillasson à grands coups de "Han" afin que sa fée du logis l'entende bien.

    Et malgré toutes ces précautions, à chaque fois qu'il entrait dans son sweet home, il entendait ce hurlement d'amour :

    -      Essuie-toi donc les pieds, espèce de porc !

    Un soir, pourtant, la télé lui vint en aide par un reportage sur le cirque; stupéfait, il pu contempler un acrobate qui marchait longuement sur ses mains et l'étincelle jaillit : il allait, lui aussi, apprendre cette marche originale pour pouvoir entrer chez lui sans s'essuyer les pieds.

    Et envoyer promener la maniaco-rigide  qui lui servait d'épouse…

    Il en savourait déjà les effets.

    L'apprentissage fut d'autant plus long qu'il devait se faire en cachette mais au bout de deux mois, Pierrot le fou arrivait à faire plus de dix mètres sans chuter.

    C'était largement suffisant et il décida de passer aux actes dès le lendemain.

    Rentrant d'aller chercher le journal il ouvrit sa porte doucement, se mit en position et entra en marchant sur les mains jusqu'à la cuisine, certain de clouer le bec à son épouse.

    Et devinez ce qu'il a entendu ?

    -      J'espère que tu t'es lavé les mains, gros porc !

    Ha, c'était pas le pied la vie de notre pauvre Pierrot.

     


  • Commentaires

    1
    Di
    Lundi 2 Février 2015 à 17:08

    Il suffirait pourtant que la chipie place la moppe à côté de la porte et la nénette à côté du bol, pour qu'elle s'estidface. Tabarnouche.

    2
    Lundi 2 Février 2015 à 17:40

    Voilà une mégère qui ne mérite pas son bon larron d'occasion ! Faire pleurer les oignons, quelle tour menteuse ! C'est vraiment pas le pied pour Pierrot qui ne peut même pas décharger son trop plein de poussière chez les Romadiers.

    Finalement, marcher sur la tête ou sur les mains, chez la mégère, peu importe la manière, les idées sont toujours aussi sales que les pieds ou le bon pied. 

    J'ai adoré l'image: Rentrant d'aller ... et toutes les autres semer en quantité jouissive.

    Pourquoi ne pas passer un savon abrasif à la mégère pour la remettre à sa place au pied du lit ou au pieu afin de l'exorciser ? Elle donne envie la gribiche. 

    Pauvre Pierrot qui subit ce calvaire en montant à pied jusque sur son Golgotha ! Calvaire comme disait Madame Prière... 

     

    On part la semaine du bon pied ! Super Marcus !!! 

    Euh... doit' on  contacter Amnistie Internationale  pour protéger les pieds de Pierrot ?

    Bises et bonne semaine. 

    3
    Lundi 2 Février 2015 à 18:41

    Sachez, mesdames, que cet état de fait est malheureusement assez courant en France.                       Bien sûr, c'est moins évident en Afrique où marcher sur les nattes, stressent les pieds habitués à la brousse, oui oui !

    Je suis en train de vous préparer de nouvelles aventure dont le héros s'appelle "Belle-feuilles"

    Je pense qu'il y a du Courtecuisse dans l'air...

    Bises et bonne semaine

    4
    Lundi 2 Février 2015 à 20:47

    winktongue J'appelle Cunégonde sur le champ ! Elle se livrera à livre ouvert pour Belle-Feuilles juste sur un coup de Courtecuisse dans l'air... smile

    5
    Lundi 2 Février 2015 à 23:52

    Voilà une maniaquerie qui mériterait une leçon, comme de faire entrer un vrai porc dans l'appartement pour lui montrer qu'on ne dit pas n'importe quoi et qu'on respecte son conjoint. Cette mégère a un toc grave et en plus le syndrome de la Tourette ? Moi j'applaudis l'exploit méprisé du pauvre mari !

    6
    Mardi 3 Février 2015 à 01:03

    Le pire est qu'elle est persuadée que c'est déjà un vrai porc qui rentre sur les pieds ou sur les mains...

    Comme tu précises, y'a des syndromes qui ont la vie dure !

    Enfin, ça nous permet d'en rire.

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