• Cunégonde, Djosette et le veau fou par Marie Louve

     

    Cunégonde, Djosette et le veau fou

     

     Depuis son retour des vieux pays du bas de la France, dans la haute société des Poissard, Cunégonde filait un mauvais coton.  Un rien la transformait en loup-garou. Son amie Quiquine de son Couche-Tard, lui vendait la quintessence de ses meilleures fines herbes biologiques, mais rien à faire ! L’amoureuse peinait à se relever d’un coup de foudre tombé par hasard dans une course aux champignons  avec un homme marié à une morue.

    Sur la rue Barré, son idylle avec Paul Poulet battait de l’aile.  Courtecuisse hantait ses pensées et son corps de muse abandonnée. Nul plaisir ne venait à la réjouir.  Son unique passe-temps pour combler son désespoir aussi profond qu’une bouteille vide se limitait à de perpétuelles batailles épiques gagnées à bouts de parapluie  avec la grosse baleine de leur commune ruelle, Henriette Labelle Rathé.

     C’est Djosette qui lui avait appris que cette gribiche Rathé gardait en otage sa chatte Boulette pour attirer des importés d’ailleurs et pas de n’importe où ! Ceux qui se cachent sous des nappes et des voiles de rideaux avec des gants noirs. Sa galerie était devenue une mosquée avec des haut-parleurs qui criaient par là à toutes heures du jour.  Là, ce fut la goutte qui fit déborder son vase d’impatience.   

    D’un pas décidé, elle se rendit chez sa voisine de guerre amicale, la Djosette Marsouin, pendant que son beau Roger picollait avec ardeur au travail.

     -       Cuécongde ? De qu’est-ce que tu veux à matin ? Rentre, Roger y’é pas là pis donne moé une minute que je r’trouve mes dents.

     -       T’as-tu un p’tit r’montant pour moé Djosette ! J’en peux pus.  Faut qu’on fasse queuk ‘chose. On peut pas laisser la grosse Henriette nous dépayser not’ ruelle comme ça ! C’est plein de musulmanants d’extrémité de loin dans sa maison. Y sont tellement noirs de haut en bas qu’on voit même pus qui qui est dedans.  Pis la musique de mosquée su la galerie ça me tue la tête.  J’ai lancé d’leau bénite su eux-autres, mais y’a rien qui a sorti. J’ai brandi le crucifix de mon défunt mari, mais vu qui sont masqués, ils l’ont même pas vu.

    -       Ouin j’sais Cunégonde. Roger pis moé, on leur a lancé des punaises pis de coquerelles par les fenêtres, mais ça rien donné. Pis pendant c’temps là, la salope, la traîtresse en baloune d’eux-autres c’est cartain, ben, elle en profite pour se remplir les poches et pas celles d’sous ses yeux de marlans frits.

    -       De qu’est cé que tu penserais si on allait voir le vieux Haïtien ? C’lui qui est cordonnier su’ la grand route en lacet su’ Jean-Talon   Tu sais c’lui qui fait du veau fou pour jeter des mauvais sorts dans son magasin ? Y vend même du pouèl de chameau. C’é Quiquine qui m’l’a dit.

     -       Rendues ousqu’on n’é, on peut pu rien pardre. Si tu y vas, j’y va moé aussi.

    -       Bon ben Djosette, mets tes dents pis ta robe du dimanche, on s’en va chez le faiseux de veau fou.

     C’est ainsi que nos deux amies d’enfance et de balcon en délire se rendirent avec une heure de retard et presque sans anicroches chez le cordonnier Haïtien en apparence et cordonnier de métier.  Cunégonde l’avait échappé belle quand elle croisa le complice du voyou qu’elle avait éventré chez Quiquine. Heureusement, les portes du métro de Montréal s’étaient refermées assez vite pour qu’elle échappe à l’arme de poing de ce dernier des Red Blood. C’est à croire qu’un ange gardien veillait sur elle malgré tout.

     Quand nos deux missionnaires eurent franchi le seuil de la cordonnerie Amuiê Ata Gris-Gris, un froid de canard glissa sur leur échine malgré la chaleur d’enfer qui plombait l’air du jour.

     Cunégonde prit son courage à deux mains pour expliquer au grand sorcier l’objet de leur visite : mettre fin au calvaire qu’elles subissaient à cause des bruits des mosquées venues de par là et d’ailleurs dans leur ruelle devenue une dangereuse bombe à retardement.

     Deux grands yeux noirs les fixaient jusqu’au fond de l’âme. Une voix caverneuse leur intima l’ordre de sortir de sa cordonnerie, mais avant, elles devaient déposer cent dollars dans la bottine à la langue béante devant elles et puiser un carton d’allumettes dans le soulier rouge feu placé à la gauche de la bottine payante.  Effrayées, elles exécutèrent les deux commandes sur le champ et prirent le chemin de la sortie. Là, cette même voix leur annonça qu’elles tenaient entre leurs doigts la clé de leur problème à résoudre.

     Dehors, les dents de Djosette s’entrechoquaient dans un cliquetis incontrôlable et dans les mains de Cunégonde, un carton d’allumettes s’enflamma tant elle tremblait. Voilà un cent dollars flambés pour rien s’écrièrent’ elles à l’instant même.

      < C’est fou ! J’avais un flacon d’huile de Saint-Joseph à la maison. Avec les allumettes pas flambées, on aurait pu mettre le feu au balcon. Mais là,  notre veau fou est grillé > lançca Djosette toute déconfite.

     À brûle pour point, Cunégonde reprit ses esprits. De peur, ses tremblements tournèrent  en ours à gants de colère. Elle fit volte face et revint vers le joueur de veau fou. Elle lui asséna trois coups de parapluie sur les os en le menaçant d’une violente quinte s’il ne lui remettait pas leurs cent dollars brûlés au bout de ses doigts.  Pendant cette altercation entre ces deux phénomènes, Djosette vidant la bottine payante.

     Au retour, la mine au désespoir, nos deux inséparables débouchèrent sur la rue Barré qui effectivement était barrée, voire interdite de toute circulation.

     Les  gyrophares des policiers tournaient en tout sens, l’escouade tactique des fédéraux aussi nommé SWAT, avait leur baraquement campé dans leur ruelle. Un branle-bas de combat s’agitait dans tous les sens. Elles virent la grosse Henriette  menottée qu’un officier poussait dans le panier è salade avec tous ses chambreurs.  Des musulmanants  qui aux dirent des nombreux badauds rassemblés, étaient de faux musulmanants importés par des terroristes de chez nous.  Ils voulaient faire sauter le Mont Royal sur la montagne de Montréal pendant une cérémonie politique qui levait le voile sur la croix fraîchement repeinte par la présence du maire Denis La Malice.

     Djosette et Cunégonde firent le chemin inverse.  Après avoir offert leurs excuses au faiseur de veau fou, elles lui remirent les cent dollars mérités.

     

     

     Cunégonde, Djosette et le veau fou

    Marie Louve 


  • Commentaires

    1
    Vendredi 12 Septembre 2014 à 09:10

    Belle croisade anti djihad pour mémoire du 11 septembre.


    "Pendant que le fou crie sa haine, le sage cultive l'aménité"


    Donc,


    Pendant que Djosette trie sa laine, Poissard cultive sa vigne en été.


    Je sais, ça ne veut rien dire mais ça sonne bien.

    2
    Vendredi 12 Septembre 2014 à 14:53

    Je préfère les " amène "  par ici que la haine de garde  des fous !

    Puis le pied de vigne de Poissard, on en a besoin si on veut se garder chaud et bon comme le pain du jour. 

    * Je corrige l'auteure de ce texte qui n'a pas mis les bonnes virgules de pépère du même nom et qui écrit aux dirent, plutôt qu'aux dires....

    Faut dire qu'en ce 11 septembre 2001, le diable était aux vaches en ce bas monde.  De quoi en perdre des morceaux et des bouts. 

    Le veau fou serait'il l'enfant de la vache folle ? Question philosophique ou scientifique ? 

    A+

    3
    Di
    Vendredi 12 Septembre 2014 à 16:38

    Je suis passée, j'ai écrit mes commentaires, mon mari m'a appelé pour prendre des mesures, j'ai lâché l'ordi et quand je suis revenue, on m'a dit que ma session était passée, de recharger la page. C'est ce que j'ai fait et j'ai tout perdu. Là, il m'appelle encore pour aller avec lui dans la grande ville de Mont-Laurier. Je lâche tout mais je vais revenir après-midi.

    4
    Di
    Vendredi 12 Septembre 2014 à 20:57

    La vie est difficile pour les amants séparés de corps-à-corps, surtout à cause d'une morue. La femme de Courtecuisse protège l'espèce en voie de disparition avec tout son coeur. Si ce n'était de protéger les morues, je lui ferais son affaire. La peine de Cunégonde est pesante, encore plus que les lourdes boules de la morue.C'est à devenir maboule. La grosse Henriette et ses complices vont en faire des belles au poste de police mais je sais qu'ils s'approvisionnent de bouchons qui moulent l'intérieur de leurs oreilles. Mais le beau et le bon dans tout ça, c'est que Cunégonde et Djozette se rapprochent avec le temps, et là, elles deviennent des héroïnes québécoises pour avoir empêché les durs de durs de faire sauter notre montagne à Montréal sauvant la vie de milliers de personnes, y compris le maire Denis la menace, qui n'explosera pas, car c'est un cas d'air. La croix de Jacques-Cartier restera où elle va. À remarquer l'honnêteté des deux complices, elles vont jusqu'à remettre le 100$ au veau fou pour leur avoir donné la clé de leur problème à résoudre. Elles auraient pu le garder. Je pense à son Poulet qui va sûrement se faire sortir à coups de parapluie de chez Cunégonde, si j'en crois ce que Djozette en dit. BRAVO À NOS DEUX HÉROÏNES Cunégonde et Djozette ! Les journaux en parlent justement aujourd'hui.

    5
    Samedi 13 Septembre 2014 à 21:50

    Bon samedi Diane. Merci de ta visite sur cette page. Nos deux cinglés ont encore fait un bon nettoyage. Cunégonde en a plein la tête de ces folies. Djosette n'est jamais en manque de son côté. À+

    6
    Mardi 16 Septembre 2014 à 13:33

    Oh la la, ça barde au Québec ! Et moi je suis étourdie, je n'ai sûrement pas tout saisi, mais quand même assez pour me faire une idée. Si le faiseur de veau fou n'est pas Pawata, c'est l'esprit de celui-ci qui s'est glissé dans sa bouche ce jour-là ! Et sa messagère Marie Louve s'est offert deux envoyées spéciales, la Cunégonde et la Djozette, et ça leur a fait du bien de sortir de leurs ennuis persos pour contribuer à sauver le monde ! Comment ? ça je ne sais pas, je suppose que les allumettes enflammées sont pour quelque chose dans la venue des fédéraux dans la rue et dans l'éventration du complot pour faire sauter le Mont Royal ... On est emporté dans un tourbillon de mots qui éclate de couleurs et de scènes en kaléïdoscope, et on en redemande !

    7
    Mardi 16 Septembre 2014 à 15:54

    Bon mardi Hélène. Tout est possible avec les fantasmagoriques ! Grâce au veau fou, le complot menaçant la montagne de Montréal fut stoppé in extremis , en ce 11 septembre. Les deux grands yeux noirs ayant sondé leur âme, tout fut révélé avant que malheur ne vienne une seconde fois. yes    

    8
    Di
    Mardi 16 Septembre 2014 à 17:59

    Si elles n'avaient pas sauvé la montagne, j'aurais plus d'appartement là-bas et il faut y aller maintenant pour quelques jours. Re-bravo Cunégonde et Djozette. Bonne journée et bonne soirée à vous, les fantasmagoriques.

    9
    Mardi 16 Septembre 2014 à 19:27

    Faut bien sauver nos biens et meubles face à de pareils terroristes happy

    10
    Mardi 16 Septembre 2014 à 23:29

    Certains ont même estimés que le plus grand terroriste de l'époque s'appelait Georges W Bush.

    Mai s ça...

     

     

     

    11
    Mercredi 17 Septembre 2014 à 05:55

    Ah oui, Georges la bataille dans les broussailles !  Mais, on dit avec d'autres ça va de pair...

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