Hou là là, y'a du beau linge pour la remise de la médaille du mérite à l'agent Bridelle :  

_ Le préfet et sa morue qui n'arrête pas d'aller voir ailleurs s'il n'y est pas, surtout les mercredi après-midi… Heureusement, aujourd'hui on est jeudi. 

_ Le sous préfet qui est toujours en dessous de tout et lui il n'a pas osé emmener sa compagne vu que c'est un compagnon. 

_ Le commandant de toutes les brigades même les mauvaises. Lui, il marche un peu courbé pliant sous le poids de ses décorations de guerre : la médaille du courage pour avoir couru plus vite que les fellagas qui le coursaient dans le djébel algérien, la croix de fer, vu son mutisme permanent et comme il dit rarement: "le dire c'est bien mais le fer c'est mieux", la croix du mérite de la légion française: en fait c'est la légion qui avait eu la croix pour le mérite de l'avoir supporté si longtemps puis ils lui ont filé pour qu'il se casse avec la médaille de l'ordre de la libération de ses appartements, trois citations à l'ordre du nettoyage des âmes de canons plus deux citations pour la rapidité de descente des canons eux même et enfin, la grande croix de la sieste très rarement remise à ceux qui arrivent à dormir en conférence sans qu'on s'en aperçoive.  

Vous comprendrez que ce pauvre commandant ploie sous le poids. 

_ Ensuite, au garde à vous depuis une heure, toute la brigade est là pour rendre hommage à Craq… je veux dire à l'agent Bridelle, hommage mérité pour avoir su se placer au dessus des parties dans un moment crucial où les cacahouètes du chef allaient manger chaud…  

En roulant sa caisse comme le dernier des maudits cons, le chef s'avance vers notre collègue un peu intimidée au milieu de la salle 

-        Agent Craquelle… Heu non, je veux dire agent Briquette… 

-        Siffle-le c'est du Mozart, chuchote le Mauve qui est plus mauve que d'habitude. 

-        Agent Bridelle, par les pouvoirs qui me sont confédérés, je vous fais chevalière de l'ordre  du mérite des brigades méritantes. 

-        Heu… je suis z'émue… 

-        Vive Zémue, hurle la brigade en folie d'une voie unifiée, un discours! 

-        Ben..je… veux remercier ma marraine Hélène, une belle personne sans qui je n'aurais pas eu le courage de prendre mon pied avec Toine la gâchette, merci à mes cinq camarades pour avoir affaibli l'attaque du contrevenant en se le mangeant "in the roustons" avant moi, merci au conducteur du fourgon qui nous a amenés sur les lieux c'est une belle personne qui conduit bien, merci à Toine la gâchette d'avoir été assez con pour ne pas voir ma féminité à travers les protections, merci à… 

-        Bon, on va pas y passer l'hiver, s'énerve le préfet qui a rendez vous avec le directeur du port autonome  

-        Merci à la femme du chef, une belle personne qui éponge souvent le déficit de leur ménage, merci au magasinier…

-        Sssstoooooppppp ! on a compris que vous êtes une belle personne très remerciante ! Passons à la remise de la breloque !

Notre chef n'attendant qu'un signal, le voilà qu'il s'empare de notre héroïne qui en demeure toute shootée... c'est stupéfiant : et vas-y que je te l'embrasse, et vas-y que je te la malaxe et vas-y que je t'y pleure une larmette… et c'est là que le drôle de drame est arrivé : se mettant en position règlementaire de "l'agent attaquant parce qu'attaqué" notre consœur se met à hurler "Banzaïïï" puis d'un magistral coup de botte à l'endroit que ma mère m'a défendu de citer ici, elle fait remonter les amygdales du chef jusqu'à leur place initiale. C'est là qu'on a tous vu que ce n'était pas ses amygdales… 

-        Je… je suis désolée, j'ai dû faire un transfert..

-        La boucle est bouclée ! a juste fait remarquer Dugommier qui était un peu jaloux que le chef soit passé au travers.  

Vu que le chef a beaucoup claudiqué pour revenir à sa place, tous les fayots de service l'ont acclamé comme un seul gnome.

-        Merfi mes vamis, ve vous donne quartier libre.

-        Hourra ! Vive le chef ! Vive Bridelle !

Et moi je me disais en ma ford intérieure : Vive l'égalité entre agents, surtout entre les hommes et les hommes !