• 6/ Les héros sont pas fatigués

     

    6/ Les héros sont pas fatigués

     

    -        Rends-toi, connard !

    -        Connard toi-même !

    Ça, c'est l'échange préalable à l'assaut final et aujourd'hui on fait pas dans la dentelle décalée vu que le prévenu nous a prévenus : "je flingue chaque bleu qui mettra sa tronche dans mon viseur"

    Il faut dire que le prévenu en question c'est pas n'importe qui : c'est Toine la gâchette, le neveu de Ange Giudicelli le célèbre roi du non lieu, grand ami du maire de Marseille et protecteur d'un bataillon de poules de luxe ; alors vous pensez si on marche sur des œufs.

    Ce matin le chef nous a réunis pour nous faire le topo :

    -        Ce soir un truand dormira en prison ! Je parle de Toine la gâchette qui a assassiné un policier à coup de remarques meurtrières : le policier en question avait osé lui mettre un PV pour stationnement interdit et ça l'avait laissé interdit lui aussi. C'en est suivi une salve d'échanges explosifs et à la fin, Toine la gâchette a osé traiter notre brave camarade de "sportif", terme outrancier qui a provoqué un arrêt cardiaque chez notre confrère.

    Sommé de se rendre par une patrouille mobile qui bullait dans le coin, Toine n'a rien trouvé de mieux que de leur expliquer, en peu de mots, où qu'ils pouvaient se la carrer, leur sommation. C'en est suivi les treize autres sommations règlementaires et un policier de la patrouille a sorti son carnet de contredanses ce qui a fortement déplu au contrevenant qui s'en enfui en prenant une vieille épicière en otage. Plus tard il expliquera qu'il voulait prendre une couturière mais qu'il n'en avait pas trouvé de disponible à ce moment là. L'épicière ne courant pas assez vite, il s'en est débarrassé en la traitant de salope de fidèle certainement parce qu'elle restait insensible à son charme.

    -        Mais chef, pourquoi les planqués de la mobile n'ont pas saisi le Toine ?

    -        Ben, parce qu'il est insaisissable, andouille ! Je veux vous voir tous en tenue N° 1 dans une demi-heure.

    La tenue N° 1 c'est celle où qu'il y a le plus de protection, à tel point qu'on ressemble à Bibendum. On ne la prend que dans les cas extrêmes et graves… En fait, c'est la première fois en quinze ans.

    Le chef devait être soucieux car il a oublié de demander à Craquette d'aller dans son bureau…

    Nous voici donc à attendre l'assaut vu que l'énergumène nous mène certainement en bateau mouche si on compte les taons qui tourbillonent depuis un moment.

    -        Si tu te rends pas, on vient te chercher !

    -        … (rires)

    -        Allez, déconne pas et on dira au juge que tu as coopéré.

    -        … (grands éclats rires)

    -        Bon, je t'avertis, Toine, ma patience à des limites !

    -        …. (crise de fou rire)

    -        Bon, tant pis, tu l'auras voulu !

    -        Poils au nez !

    Alors le chef redevient le grand chef de guerre qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être et ordonne la "formation du héros" en désignant au hasard un policier pour servir de bouclier à ses camarades reconnaissants.

    Sous lui donc cette troupe s'avance, évitant les balles qui sifflent des airs funèbres mais, mus par un courage à nul autre pareil, le premier de cordée enfonce la porte pour se retrouver nez-à-nez avec le Toine qui se met en position se Kung Fu.

    Le premier de nos hommes s'avance courageusement puis se couche en se tenant l'entrejambe et en hurlant de douleur. La prise de Kung Fu s'appelle en japonais "Aller retour dans les claouis".

    Le deuxième de chez nous, se méfiant un peu, se baisse pour avancer vers l'ennemi mais lui aussi est victime de la même prise et lui aussi se met à glapir, mais en espagnol car, lui, c'est sa langue natale. On dirait un mexicain qui a des hémorroïdes.

    Le troisième, le quatrième et le cinquième vaillant guerrier de notre brigade gisent maintenant dans un parterre de douleur. Il ne reste plus que le sixième, moi et le chef. Le sixième s'avance en narguant le Toine qui prépare son pied percuteur… Il est fou notre sixième ! Pendant que le Toine s'élance, il sort tranquillement sa matraque et lui souffle dessus comme pour conjurer le mauvais sort. Le Toine n'en croit pas son pied et il met un méchant coup de tatane dans l'entrejambe presque offerte de notre soldat qui ne bouge même pas à la réception du coup. Le Toine regarde le V de la défaite, incrédule, il regarde son pied et pendant qu'il regarde les deux en va et vient, la matraque de notre valeureux sixième vient tambouriner le pauvre crane du Toine qui ne crane plus.

    Passage des menottes et notre chef se met à hurler de satisfaction :

    -        Agent, enlevez votre casque que je puisse voir le visage de notre sauveur !

    Et à la stupéfaction générale, enlevant son casque de gladiateur et remontant une mèche blonde, Craq… je veux dire l'agent Bridelle  se tourne vers le chef et dit très simplement :

    -        Il pouvait toujours essayer de me taper dans les burnes, ce con…

    Inutile de vous dire qu'a la brigade, la fête en l'honneur de Craq… je veux dire l'agent Bridelle, fut fantastique et lorsque le chef lui dit :

    -        Bridelle dans mon bureau pour que je vous félicite personnellement.

    Nous on tous fait un peu la gueule.

    Craquette est entrée dans le bureau et au bout de six minutes on a entendu un cri inhumain de bête étripée.

    Puis, Craquette est sortie du bureau avec un méchant petit sourire aux lèvres…

    Ha ça ! Aujourd'hui on peut dire que c'était pas la sainte Castagnette…


  • Commentaires

    1
    Mercredi 25 Février 2015 à 23:23

    Ah pour ça oui ! Aujourd'hui, branle-bas de combat c'est peu dire !  On marche sur des oeufs , ceux des poules de Toine la Gâchette qui ne gâche rien dans ce réci où les omelettes se les font casser.  Pauvre Croquette, on la délaisse dès l'annonce du pépin du jour : la mort subite d'un camarade accusé injustement de sportif . Le mot qui tue sans effort. Le traîte est un Kung Fu dans la fourche du V  de la bit, non l'habit de combat No 1 des pauvres brigadiers hors de service. Voilà un revirement miraculeux ! Croquette matraque et terrasse l'ennemi qui Kung Fu. À son tour d'être au parterre de douleur. Il crane en silence, le crâne estourbi au pied de Croquette l'héroïne inconnue sous son masque de zéros non-identifiés comme il se doit dans ces circonstances. Croquette n'avait pas les boules. Elle est la brave du régiment.. Mais je demeure dans un mystérieux vide. Que s'est'il passé dans le huis clos du chef avec Croquette. Quel bête criarde et  pas humaine fut étripé après six minutes ? Ok. Je viens de comprendre. Une méchante bête se cachait dans le bureau du chef et Croquette a saisi le taureau par les cornes avant de lui bouffer ses amourettes... Le conte est bon. Quelle équipe cette brigade déjantée !!! Un autre régal débordant de fous rires. Merci Marcus... Voilà un gros problème. J'avais oublié les poules de Toine. Faudra leur trouver une bonne fermière ... Bonne soirée, bises amicales. 

    2
    Mercredi 25 Février 2015 à 23:25

    Je me corrige : On marche sur des oeufs ... les poules m'ont enlevé mes bonnes lettres ! 

    3
    Jeudi 26 Février 2015 à 00:05

    Hé hé, belle revanche de Craquette et quel exploit ! Ah ben merci, Marcus ! Bizzz au trio !

    cool

    4
    Di
    Jeudi 26 Février 2015 à 03:39

    Je le savais aussi que les mots peuvent tuer. La preuve est là. Toine la gâchette sent la mafia. La brigade au complet aurait dû lui parler sur un meilleur thon pour le calmer. Craquette a pris la peine de flatter la matraque avant de l' abattre sur la tête du mal faiseux. Ben oui ! Une matraque caressée souffre moins en éclatant sur la tête du neveu du maire de Marseilles. Il y a des maires comme ça qui ont de l'influence et la grande familia en profite avec la Mamma. Je ne peux que féliciter l'agent Bridelle pour cette arrestation faite en douceur en utilisant la psychologie féminine. Elle mérite double promotion en ce qui concerne le cri de la bête dans le bureau du chef. C'est sur qu'elle est craquante mais elle a pu être croquante en usant de psychologie avec le chef. Ne pas l'effrayer avant de lui faire subir un sort malheureux et crac ... ni vue ni connue. Il doit y avoir du fil et des aiguilles à la brigade pour faire des points de suture ? Bravo à l'auteur et double félicitations pour la bravoure de la Miss. Ce qu'ils en prennent ces faux zélés célébrés par des coups partout. 

    5
    Vendredi 27 Février 2015 à 09:54

    Bravo Craquette ! ;-)

    6
    Vendredi 27 Février 2015 à 22:21
    Josette

    Crac le chef... Crac boum hueeeeeeeeeee ; bravo Craquette, bravo Craquette, bravo... air connu !!!

    7
    Dimanche 1er Mars 2015 à 19:11

    Pour ma Croquette , faut me pardonner. C'est ma Geisha qui les adorait. Je la vois partout, ma vue baisse avec le temps... Pour Craquette et crac !! la branche a cassé, le chef est tombé... ah ! Relève, relève... Une chanson connue qui parle d'un grand pommier. Bon dimanche. sarcastic

    8
    Mercredi 4 Mars 2015 à 10:56

    Digne d'être décorée, le 8 mars lors de la journée de la femme ,la Craquette! Morte de rire!

     

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