• 5/ L'intervention contre les grévistes.

    5/ L'intervention contre les grévistes.

     


     

    Ce matin, le chef a son air grave comme quand sa femme lui a joué le cul tourné toute la nuit. Il est pas à prendre avec des pincettes, monseigneur !

    Aussi, on a tous fait le canard quand il est entré dans la salle de réunion : Tous au garde-à-vous… c'est vous dire si on balisait. 

    -        Messieurs et la dame, aujourd'hui nous devons aller faire une intervention que je réprouve vu qu'il nous faut aller combattre des frères qui se sont mis en grève pour faire valoir leurs droits légitimes… 

    -        Vous parlez de la grève des dockers, chef ? 

    Ça c'est encore Couille-Molle le fayot de service qui ouvre sa gueule pour essayer de se placer. 

    -        Vouais et parmi tous ces vaillants frères, y'a votre beau-frère…  

    Le Mauve a lâché l'info tout naturellement mais le chef le regarde méchamment de traviole… 

    -        Peu z'importe, toujours est-il que la grève est déclenchée car nos camarades veulent obtenir la huitième semaine de congés.  

    -        Putain, il faut les soutenir, chef, comme quand ils demandaient trois semaines de maladie pour l'ouverture de la chasse ! 

    -        Et quand ils exigeaient la semaine à dix-huit heures ?  

    -        Ouais mais là, ils avaient mal compté et ils ont été obligés de travailler une heure de plus. 

    -        Mais ça vaut pas quand ils se sont fait allouer deux mois d'information pour faire de la communication sur les plages… 

    -        Celle-là, je m'en souviens plus… Qu'est-ce qu'ils voulaient communiquer sur les plages ? 

    -        Hé bé ils voulaient faire savoir à la population la dureté de leur travail ! Alors autant parler aux gens quand ils sont disponibles, c'est-à-dire quand ils vont à la plage. 

    -        Hé voui !  

    Je vous passe toutes les appréciations courageuses murmurées à voix basse mais le chef a fait taire la rumeur en aboyant les ordres : 

    -        Je veux vous voir en tenue d'assaut dans une heure ! Craqu… je veux dire agente Bridelle dans mon bureau, tout de suite ! 

    C'est là qu'on s'est tous demandé si l'unique représentante du personnel féminin n'était pas parente avec le Mauve vu la couleur de sa figure soumise…

    Arrivés au port autonome et commercial, on a vu que l'affaire était grave car y'avait déjà trois escadrons de CRS qui prenaient le casse croute de dix heures ;  

    Normal : s'ils voulaient tenir jusqu'à midi, il fallait avoir le ventre plein. 

    Y'en a un qui mangeait que des bananes et on lui a demandé pourquoi ?  

    -        Je supporte pas la violence … 

    -        Et ? 

    -        Ça me fait gerber… 

    -        Et ? 

    -        Ben,  la banane à le même goût quand tu l'avales et quand tu la vomis… 

    Amis de la poésie, bonjour. 

    Puis, le préfet est arrivé avec sa voiture, gyrophare et sirène à fond. 

    -        Le chef d'escadron CRS et le chef du commissariat avec moi ! 

    Houuu, ça rigolait pas ! il se sont isolés et le préfet faisait des grands gestes. Dugommier qui sait lire les grimaces de loin, nous traduit au fur et à mesure.

    -        Le préfet dit qu'il faut que les grévistes soient raisonnables et que la huitième semaine de congés, c'est pas possible sinon lui, il devra passer à dix pour respecter la valeur hiérarchique. Le CRS opine du bonnet et notre chef opine du képi. Le CRS propose de donner l'assaut à balles réelles mais notre chef dit qu'il faut pas déconner, tout de même; il propose d'aller négocier avec le responsable syndical et le préfet lui dit que la dernière fois qu'il a voulu négocier, les dockers l'ont mené en bateau… Notre chef demande une heure pour négocier et le préfet lui accorde cinquante huit minutes, pas une de plus.  

    C'est là qu'on a tous vu que les négociations avaient débuté.

    Puis le chef est revenu vers nous en roulant sa caisse et il s'est mis à hurler :

    -        Formation  de la poule qui pond ! 

    On s'est tous regardé : c'était quoi cette formation ?

    -        Heu, pardon, de la moule qui fond ! 

    On connaissait pas non plus mais on a fait semblant pour que notre chef ne passe pas pour ce qu'il était.

    Alors, on s'est mis en file indienne, une main sur l'épaule gauche du prédécesseur et l'autre main sur sa fesse droite pour attraper son arme si ça virait vinaigre. Moi j'ai eu de la chance car j'étais juste derrière Craquette…

    Le chef a pris son haut parleur et a gueulé :

    -        Rendez-vous, connards, vous êtes cernés ! 

    -        C'est pas vrai ! 

    Et c'était vrai que c'était pas vrai…

    Le chef des grévistes à demandé au responsable de venir tout seul, sans armes et sans culotte pour "rendre hommage aux révolutionnaires".

    Notre chef a donc fait le trajet en slip pas propre.

    D'où nous étions, on les a vu boire des tas de canons lui et son beau-frère puis le chef est revenu et à gueulé au préfet :

    -        C'est bon, ils acceptent de réduire leurs exigences à sept semaines et deux jours pourvu que ce soit pas des dimanches !  

    -        On a gagné ! ont criés en chœur tous les fayots de la brigade. 

    A voir la tronche du préfet on n'avait gagné pas grand-chose et certains allaient le payer…

    Mais il a ordonné le repli et nous, nous avons terminé à "L'Amical Bar"

    Encore une journée bien remplie dans notre brigade "Vue-sur-la-merde".


  • Commentaires

    1
    Lundi 23 Février 2015 à 21:49

    C'est pas possible ! Il faut faire des bandes dessinées ou un film à mourir de rire avec tes textes. La chance du derrière de Croquette en bonus ! Les sans culottes pour la mémoire à respecter le défilé en slip pas propre. ha, ha... mais t'es fou. Je ris trop, je n'arrive pas à commenter comme il se doit avec le plus grand des sérieux selon les bonnes manières. Un canon après l'autre... Quelle bombance de rires ! Merci à toi, tu mets du soleil dans notre hiver, Bises amicales. happy

    2
    Mercredi 25 Février 2015 à 00:43

    Impeccables manoeuvres, fines négociations, j'en bave des ronds de chapeau d'admiration ... Y a juste le problème de Craquette ... Si l'esprit de Pawata est avec moi, j'irai enquêter :))) ! Bizzz.

    3
    Mercredi 25 Février 2015 à 01:43

    Croquette ! Elle porte bien son nom , elle fait envie aux poulets ! Ha,ha,ha.. 

    4
    Mercredi 25 Février 2015 à 05:16

    ;) Oui, mais c'est Craquette, Marie Louve !

    5
    Mercredi 25 Février 2015 à 08:45

    J'ignore pourquoi Craquette à l'air de te poser soucis: est-ce par rapport à une connaissance du même nom ou bien par rapport à ses escapades buco-hiérarchiques ?

    S'il faut changer son nom, je le ferai mais si on doit condamner sa carrière en l'empêchant d'utiliser ses atouts pour accéder un jour au grade de brigadière-chef, le groupe Poulagat risque de se retrouver orphelin... :-)

    Quant à faire un film, il me manque juste l'actrice principale acceptant de faire des scènes de derrière les rideaux..

    Bises à vous.

    Marcus

    6
    Mercredi 25 Février 2015 à 11:57

    happy  Ah, non non, pas de problème avec son nom ! Oh, j'avais bien compris pourquoi le chef avait besoin de Craquette alias agente Bridelle dans son bureau avant chaque nouvelle opération mais c'est quand même triste d'avoir à jouer les ... heu,  pseudo pharmaciennes pour monter en grade ! Grrr, ça manque de femmes de tête dans  cette maison poulaga ... Maintenant, j'attends le rebond wink2 ! Bizzz.

    7
    Mercredi 25 Février 2015 à 13:23

    Je ne fais que peindre un tableau hélas bien triste mais un jour viendra ou le chef regrettera d'être chef...

    Bises

     

    8
    Mercredi 25 Février 2015 à 13:35

    wink2  Ah oui, alors et il faudrait que ce soit le cas pour tous les chefs qui abusent ! Qu'ils soient d'ailleurs hommes ou femmes, je ne fais guère d'illusions. Ici, c'est la loi du nombre ; si c'était inversé, ce ne serait peut-être pas mieux ...  Mais je m'en voudrais de jouer les mémères la vertue ! En attendant qu'elle ait sa revanche (peut-être ?), je commence à rire de la phrase désormais rituelle : "Craquette, dans mon bureau !"

    9
    Mercredi 25 Février 2015 à 13:39

    Je vais appeler Josette, Jill and co en renfort !

    clown

    10
    Mercredi 25 Février 2015 à 13:40

    Oups, pardon pour les fautes, ça montre que je ne suis pas guérie ! VERTU, sans e !

    11
    Mercredi 25 Février 2015 à 17:56
    Josette

    oui j'arrive pour soutenir Craquette mais je ne veux pas la remplacer !!! déjà que lundi il y avait des bavures cachées sous un tas de neige ...je ne ma fie pas à l'engeance marseillaise

    12
    Mercredi 25 Février 2015 à 18:45

    Mais oui, c'est vrai, Josette, chez toi il y avait un vrai p'tit polar noir !

    13
    Jeudi 26 Février 2015 à 00:54

    De la grève suréaliste, un rêve 7 semaines et deux jours de congé... avant la retraite !! ;-)  

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