• 10/ Le sauvetage virtuel

     

    10/ Le sauvetage virtuel

    10/ Le sauvetage virtuel 

     

     

     

     

     

    Le bip bip des urgences stridule comme un appel désespéré au peuple de la brigade.  

    -        Rififi à l'aréauport de Marignane, nasille un haut parleur. 

    -        Qué qui y'a , demande Pied-Paquet qui sort de la sieste de dix heures 

    -        Shais pas ! lui répond le Mauve qui sort de sa  cuite de la veille 

    -        Tous à Marignane ! Hurle le chef qui sort de ses gongs 

    -        Ha bon ? Ha bon ! soliloque Dugonmmier qui sort de l'ordinaire 

    -        Rendez-vous à Marignane à 15h15 ! reprend le chef  

    -        Marignane, 1515 ? ça me dit quelque chose réfléchit Craquette qui se prend pour Bridelle l'historienne. 

    -        Hé vouais, renseigne Dugommier, 1515 c'est le numéro de la départementale entre Septèmes et la Fare. 

    -        Ha, aussi, je savais bien ! Opine le bonnet de Craquette. 

    -        Hé, chef, qu'est-ce qui se passe ? 

    -        Un pilote qui veut se suicider ! 

    -        Et c'est nous qu'on va l'empêcher ? 

    -        Avec ce planeur de Pied-Paquet, on aura pas de mal ! 

    Et nous voilà dans le fourgon, toutes sirènes hurlantes au point de forcer les repris de justesse à se mettre au garde-à-vous sur notre passage. Une question d'habitude à cause qu'en zonzon les seules sirènes qui chantonnent sont celles des fouilles des cellules. 

    Nous arrivons tels les sauveteurs de l'Apocalypse attendus par une bonne trentaine de personnes : 

    Y'a des quatre sardines à l'épaulette, y'a des quatre stylos à la pochette, y'a des quatre cheveux sur la tête à Mathieu, y'a même des quatre sans cou qui valent pas un sou…  

    Bref y'a du beau monde autour d'une sorte de tour montée sur vérins, qui bouge, qui chancelle, qui vrombit et même qui se cabre… 

    -        Qué que c'est que ça ? Questionne notre grand chef en se grattant abondamment le haut du crane. 

    -        Ben, explique un quatre sardines, c'est un simulateur de vol   

    -        Et ? 

    -        Et c'est la dedans que s'est enfermé un pilote allemand qui veut se suicider… 

    -        Ha ? Comment qu'il va faire le suicidaire pour mettre sa menace à exécution ? 

    -        Ben, c'te blague, il va précipiter son avion contre une montagne… 

    Nous, on se regarde avec de la compassion dans le regard : pauvre pilote… en arriver là ! 

    -        On sait pourquoi qu'il veut s'exploser la tronche, ce brave homme ? 

    -        Au juste non, mais on a trouvé dans son dossier qu'il a un gros atavisme à gérer. 

    -        C'est quoi l'atavisme ? demande le Mauve 

    -        Ben… prenons un exemple : ton père buvait ? 

    -        Et pas qu'un peu, rétorque l'imbibé.  

    -        Alors voilà, tu es un atavisme... 

    -        Ouf, je croyais que c'était une maladie. 

    -        Et c'est quoi son atavisme à lui ? 

    -        Ben, pendant la guerre, son père était dans l'aviation allemande, la Luftwaffe 

    -        Et alors ? 

    -        On a appris que c'était un as qui pilotait des Stukas en piquée et un jour, il s'y est pris comme un manche et il a piqué pour de bon… ça a traumatisé le petit. 

    -        Peuchère. 

    -        Bon, assez tervigersé, heu je veux dire assez  trèsvirgercé… non, enfin bref assez dit de conneries, formation de "la mouche qui pète"! hurle notre chef d'un ton si autoritaire que, surpris, il se met lui-même au garde-à-vous.  

    -        On entoure l'objet et Dugommier fait les sommations.  

    Aussitôt dit, aussitôt fait.  

    -        Rends-toi connard ! 

    -        Heu… Je ne sais s'il vous oui, avance un quatre stylo d'un ton châtié. 

    -        Hé ! Coooonnnaaaarrrrrdddd, je monte ou tu descends ? 

    -        Vous ne préférez pas communiquer par radio ? propose un quatre cheveux-sur-la-tête-à-Mathieu. 

    -        Envoie le micro, ordonne Dugommier qui prépare un plan canon : il met les mains en porte voix autour du micro et il lâche un "Boum !" énormissime.  

    -        Mais que faites-vous, malheureux ! gémit un quatre-sardines. 

    -        J'imite le bruit du crash pour y filer la pétoche, mon maréchal ! 

    -        Mais il s'en tape du bruit du crash puisque c'est ce qu'il cherche ! 

    -        Bon, OK, alors tant pis pour lui : j'envoie "mille colombes" chanté par Mireille Mathieu… 

    Et alors là, mes aïeux, l'incroyable s'est produit : le simulateur a viré de bord, puis il a fait un looping et enfin, il a atterri…  

    Sous les applaudissements de l'assemblée soulagée, le pilote a ouvert la porte les deux bras en l'air il a déclaré : 

    -        Non, pas elle ! je me rends ! 

    Puis il a voulu avancer pour descendre par la passerelle mais voilà, le Mauve avait enlevé ladite passerelle; ce con de pilote n'a même pas plané  pour arriver en bas et il a atterri sur son pauvre crane. 

    Diagnostic d'un quatre stylos : dix sept fracturettes du crane, de l'os qui pue au parental gauche.  

    -        Pronostic réservé, je pense qu'il doit simuler, a-t-il chuchoté à un cousin de derrière les rideaux de la mère du pilote un certain docteur Grobeulse.  

    -        Normal, ce sont les effets du simulateur de vol qui continuent. 

    -        Vous allez voir comment que je vais te le réveiller, moi, propose Dugommier en branchant "Mille colombes" sur la sono de l'aréauport.  

    Effectivement, bondissant de son coma notre pilote, réfractaire à la culture musicale de Ste Mathieu l'avignonnaise, s'est levé et a déguerpi sans demander son reste  

    -        Affaire classée, a juste soupiré humblement notre chef bien-aimé.  

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Samedi 4 Avril 2015 à 17:14

    Ah bon ! Si c'est Dieu possible ! Tout finit par sortir de quelque part et ici à la chute c'est plus qu'un chat qui sort du sac à tour de vol surréaliste. Les colombes à Mireille ont sauvé le monde et le fils marqué par la mort de son père célèbre de l'héroïne histoire de l'aviation des Allemands. Il y'a tellement de belles perles dissimulées dans ce récit qu'on se croirait dans une chasse aux oeufs de Pâques... Un régal... Bises amicales et Joyeuses Pâques à toi et aux tiens. Merci pour ce beau lapin de Pâques, ou ce beau coq ou cette poule en chocolat, bien sûr ! Avec des simulateurs , tout est possible. :))

    2
    Di
    Dimanche 5 Avril 2015 à 01:41

    C'est un truc génial que de lâcher mille colombes de Mireille Mathieu au suicidaire, mais c'était risqué car la voix aurait pu l'endormir.

    3
    Samedi 9 Mai 2015 à 13:44

    Salut, le trio ! C'est ici que je me suis arrêtée ... Après les courses alimentaires de ce samedi, je promets de revenir prendre le train des événements ! A plus, bizzz !

    4
    Samedi 9 Mai 2015 à 18:40

    Bon, pour y arriver, j'ai dû saisir des feuilles au verso non occupé et tout imprimer ... Et je me régale, dans mon fauteuil :) !

    5
    Samedi 9 Mai 2015 à 22:12

    Un épisode d'une importance capitale ! Ils sont forts à la brigade, une catastrophe évitée !

    eek  cool

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :